vendredi 31 octobre 2014

A pied par la Chine

Nous revoici après un mois sans vous donner de nouvelles, et pour cause ! La censure chinoise nous interdisant les services de Google, donc l'accès à notre blog. Voici donc la suite de nos pérégrinations ubuesques à travers les cinq royaumes, mais d'abord il nous a fallu quitter la Mongolie tels des clandestins, en nous rendant en train dans la ville frontalière de Zami Oud, puis en payant un chauffeur pour nous faire passer le poste frontière en Jeep jusque Eilin, la première ville chinoise après la frontière, d’où nous avons ensuite pris un bus couchette très peu confortable jusque Beijin, notre destination.

Deux pékins à Beijin

Image d'Epinal de Pekin
Perdus dans cette ville à 4h30 du matin, mal réveillés, et déposés à proximité d'un marché qui s'installait, prendre nos marques dans la ville fut difficile. Nous rêvions d'un serveur parisien, acariâtre avec son tablier blanc, mais néanmoins pourvoyeur d'un café et d'un croissant, nous trouvâmes un vieux tenancier chinois qui nous vendit du thé glacé et des œufs durs. Pas si loin, finalement.
Nous étions logés en pleine ville, dans un Hutong (les quartiers populaires typiquement chinois pleines de boutiques familiales, de vélos, de pousse-pousses et d'autochtones affairés à des taches variées). Ayant éprouvé par le passé de grandes difficultés avec les logements de Moscou, le choix d'une moscovite pour nous héberger dans une ville au moins autant déroutante semblait un choix logique : car oui, notre Hôte, Julia, était Moscovite et pleine de bons conseils et d'une aide précieuse. Le quartier était génial, plein de vie et de choses intéressantes à manger.

Un soir, sur les conseils de Julia, nous décidons de manger la spécialité de la ville : le Beijin duck (que notre hôtesse francophone avait traduit par « connard de Pékin »). Nous entrons donc dans un restaurant de notre quartier et entreprenons de demander s'ils cuisinaient le canard. De guerre lasse, nous n'essayons pas de parler anglais, puisque l’expérience nous prouvait que cela n'était pas utile, les chinois ne parlent jamais anglais, Julia essaie donc de demander avec ses rudiments de chinois le fameux plat local. Incompréhension de la serveuse. C'est alors que mon épousée décida de passer à l'étape suivant : le mime. Joignant le geste à la parole, elle met sa main devant la bouche, singeant un bec, et formule un CoinCoin criant de réalisme. Regard outré de la serveuse qui nous rétorque un « what do you mean ?» dans un anglais parfait sans la moindre pointe d'accent mais laissant clairement entendre le reproche et le courroux. Nous demandons donc si ils servent du canard, et non, ils n'en servent pas, alors on s'en va. Une fois dehors, Julia, hilare, nous annonce que Coin-Coin et le mot pour dire prostituée. Encore une victoire de la communication entre les peuples.

La Lamasserie
Sinon, quoi d'autre sur Beijin ? Plein de trucs, la ville est fascinante, l'émerveillement (la cité interdite, la lamaserie, que je ne détaillerait pas, vous verrez sur l'album photo) côtoie le délicieux (les barbecues de rues, dégustations de thé), et la détente (massages de pieds). Il y a aussi des typicités chinoises tellement moins réjouissantes telles le bruit incessant (Klaxons, musique, cris, raclements de gorges suivis de mollards, une véritable symphonie pour les amateurs de calme et de tendresse). Il y a aussi l'inévitable grande muraille, qui contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, est tout à fait accessible sans passer par un tour opérateur (un train à moins d'un euro partant de la gare du Nord, et hop), un émerveillement pour les yeux et une torture pour les cuisses.

La Grande Muraille. simple, efficace, beau.
N'ayant pas prévu que notre séjour se déroulerait pendant la Golden Week (semaine de congé national déclarée par le parti pour booster la croissance, n'est-ce pas Gataz ?), les trains (et tous les autres modes de transports également, d'ailleurs) étant pris d'assaut, les gares se transformant en sorte de champ de bataille d'où seul les maîtres de Kung-Fu avec Bac+5 peuvent espérer obtenir un billet de train, nous avons du repousser notre départ, et profiter du 65e anniversaire de la révolution culturelle sur la place TienAnMen, ainsi que d'un concert Punk dans une salle s''appelant le Mao Live. Le groupe, lui portait le patronyme de Free Sex Shop, la batteuse nous remercia même d'avoir apprécié le show avec une déférence tout sauf punk. Nous dûmes aussi rester deux nuits dans un hôtel à la décoration typiquement chinoise et avec vue sur la Bell Tower de Pekin. Non, vraiment, c'était trop dur.


Xi'an, la ville que si tu l'as pas visitée, t'as pas vraiment vu la Chine.

Nous avons réussi à trouver deux billets de TGV chinois (oui maintenant ils les font eux même, ils n'ont pas besoin de nous les acheter), qui affiche sa vitesse en temps réel, et 6h après nous étions arrivés dans l'ancienne capitale.
Étant toujours en pleine Golden Week, nous avions pris l'une des dernières chambres à tarif abordable, mais j'y reviendrai plus tard dans le texte.
Danseurs sous les remparts de Xi'an
À Xi'an il y a les remparts les mieux conservées de toute la Chine, voire du monde. Bien qu'ils ont beaucoup modernisé la ville, il reste néanmoins quelque quartiers typiques comme le quartier musulman (avec plein d’échoppes de rue, et une mosquée typiquement chinoise, d’où nous nous sommes fait virer des jardins où nous étions pour profiter d'un peu de calme) ou le quartier des calligraphes dans lesquels on trouve tout ce qu'il faut pour exercer cet art et des boutiques de thé. Ayant oublié ma boule à thé chez Julia, je me dit que j'en trouverai sûrement une ici. Nous entrons dans un petit magasin ou tenu par un couple et leurs deux petite filles qui ont moins de 10 ans et qui sont toute heureuse de mettre leurs compétences dans la langue de Shakespeare au profit du business familial.
Sauf que les boules à thé, dans la pratique du thé à la chinoise, ça n'existe pas. Et les petite se mettent au défi l'une l'autre de me trouver l'objet convoité en me sortant tout et n'importe quoi.J'en profite pour fureter dans la boutique et de jeter mon dévolu sur un « bateau à thé », un outils très utile qui coûte une fortune en France, qui m'est revenu à 10 euro. Entre temps les petites, pleines de ferveur, se donnant des coups (à croire que les parent leurs ont promit une commission) m'ont trouvé un truc qui remplacera ma boule. C'est hilare à cause des pitreries des gamines, que nous avons quitté l'endroit.

Engagez-vous dans l'armée de Terre.
Non loin de Xi'an, ce trouve la célèbre armée de terre cuite, mausolée de l’empereur Qin et 8ème merveille du monde. Ça à l'air vachement pompeux comme ça mais ça le mérite, car c'est effectivement époustouflant (et c'est aussi accessible en Bus publique depuis la gare central pour moins d'1 euro (oubliez donc encore une fois les tour operator ou les taxi).


Copie due dessin d'une stèle
C'est dans cette ville qu'on à effectivement eu confirmation que Gutenberg n'avait pas inventé grand chose hormis un procédé mécanique. En effet, le peuple chinois, non content d'avoir inventé le papier, ont inventé le PDF téléchargeable à volonté. Nous avons pu contempler les écrits originaux de Confucius gravés dans d'immense stèles au musée de Beilin, autrement appelé la forêt de stèles.
Il est possible de copier encore aujourd'hui le texte intégrale en apposant une grande feuilles de papier sur la stèle et en la tamponnant généreusement d'encre de chine (prend ça dans tes dents l’Europe).

Sinon depuis notre arrivé une affiche me nargue dans l’ascenseur de l’hôtel, une affiche ou je ne peux lire qu'un seul caractère « cha » : il y a une Tea Expo, le Vitiloire du thé, le 10 mais nous devons quitter la ville le 7. Il me faut persuader mon époux, fatigué par tout ces chinois bruyants, et en plus il nous faudrait un ou une guide car à par « cha »(et encore je le prononce mal) je ne sais pas dire grand chose en chinois. Après tractation, Andy acquiesce mais c'est bien parce qu'on doit ouvrir une boutique, hein. Du coup, retour sur booking.com pour prolonger notre séjour à l’hôtel, la golden week étant terminée je check les prix des autres hôtels, et Ô surprise, il y en a à moins de 10 euro la nuit. Je lance quelque appel sur couchsurfing pour trouver un interprète et j'ai la réponse d'une jeune chinoise parlant anglais et français.
Donc la veille de l'expo nous devons déménagé, nous avons pris l'ascenseur de la tour de 31 étages où nous logions pour descendre de 4 étages. Pour un établissement familial, propre, chaleureux et surtout beaucoup moins cher.

Costume du Yunnan et galette de Pu'er
Le jour de l'expo, je me sent inquiète, la fille de couchsurfing ne nous à pas recontacté, nous y allons quand même, on serait pas restés là pour rien. Nous arrivons de bon matin sur le parking du parc des expo local, quand soudain, un homme homme en costume nous tend sa carte de visite. Le monsieur est archer et nous propose ces services si nous en avons besoins, effectivement, nous ne sommes pas venu pour rien.
Arriver dans l'expo, je me sens un peu comme dans un jeu de quille, n'osant pas aborder les fournisseurs car notre anglais les rebute. Mais nous nous laissons tenter par une dégustation de pu'er d'une boutique de xi'an. Notre hôtesse parle un anglais parfait, qu'elle à appris par elle même, elle aimerai parler le français et le japonnais mais le temps lui manque. Nous passons un merveilleux moment en sa compagnie. Elle profite de son thé infusable jusqu'à 30 fois pour nous garder avec elle car elle est heureuse de pouvoir converser en anglais. Elle adore la France et elle à vu « bienvenue chez les ch'ti » ( je serais d'ailleurs très curieuse de savoir comment ils ont pu traduire le patois ch'ti).
Au bout d'une heure nous arrivons a nous enfuir pour prendre une collation, une salade de pâtes fraîches vendu par une mamie sur son triporteur.

Tous les échantillons qu'on a obtenu!
Dans un coin du hall d'expo, on se retrouve devant une conférence-dégustation d'un très gros producteur de thé du Yunan: « Guanfu ». Nous sommes invité à assisté a la conférence, il ont l'air de d'être très heureux d'avoir deux occidentaux dans le décor pour présenter leur dernière récolte. C'est là que nous avons rencontrer Nicole, une chinoise travaillant à l'export de thé et qui parle anglais. Mon saint Graal était là. Elle nous a traduit toute la conférence et nous a ensuite emmenés rencontrés d'autre producteurs qu'elle connaissait. Et nous allons rester en contact pour là suite.

Il est temps de partir pour Shanghai, 16h de train, sans couchettes. Mais ceci est une autre histoire, qu'on vous contera une autre fois parce que là, c'est déjà très long.

Toutes nos Photos de Chine sont visibles sur l'album disponible en cliquant SUR CE LIEN EN MAJUSCULES QUE VOUS NE POUVEZ PAS RATER ICI LA HOP ON CLIQUE